Eurostar-DB : Londres-Allemagne dès 2030

Mis à jour le 5 décembre 2025

Eurostar et Deutsche Bahn ont signé un protocole d'accord le 4 décembre 2025 pour explorer l'exploitation conjointe de services grande vitesse entre Londres et l'Allemagne. Les deux opérateurs visent un lancement début 2030 avec la flotte Celestia, sous réserve de conditions techniques, opérationnelles et légales.

Eurostar et Deutsche Bahn ont franchi une étape décisive le 4 décembre 2025 en signant un protocole d'accord pour étudier l'exploitation commune de services directs à grande vitesse entre Londres et les grandes métropoles allemandes. Ce partenariat combine l'expertise transmanche d'Eurostar avec le réseau étendu de DB en Allemagne.

« Nous sommes ravis de lancer ce partenariat avec DB », déclare Gwendoline Cazenave, PDG d'Eurostar. « C'est un grand pas vers un voyage plus durable et fluide entre Londres et l'Allemagne. En combinant le savoir-faire transfrontalier d'Eurostar et notre nouvelle flotte avec la forte présence de DB en Allemagne, nous créons un tout nouveau niveau de connectivité et de commodité pour nos clients. »

Michael Peterson, membre du conseil d'administration de DB chargé du transport longue distance, souligne la complexité du projet : « L'Europe se rapproche toujours plus par le rail. Nous sommes convaincus du grand potentiel d'une telle connexion directe. Toutefois, ce projet montre également que les nouveaux services longue distance transfrontaliers ne sont souvent possibles que grâce à des partenariats comme celui-ci, en raison de conditions cadres complexes. »

Cologne et Francfort, premières destinations visées pour début 2030

Le projet cible deux grandes villes allemandes : Cologne et Francfort. Les temps de trajet prévisionnels depuis Londres s'établiraient à environ quatre heures pour Cologne et un peu plus de cinq heures pour Francfort, offrant une alternative compétitive à l'avion en termes de temps porte-à-porte.

Ces liaisons directes centre-ville à centre-ville permettraient aux voyageurs d'éviter les contraintes aéroportuaires (enregistrement, attente bagages, trajets terminaux). L'offre séduirait particulièrement les voyageurs d'affaires et les touristes souhaitant réduire leur empreinte carbone.

Le lancement commercial est programmé pour le début des années 2030, dès que les conditions techniques, opérationnelles et légales seront remplies. Eurostar et DB exploreront ensemble les grilles horaires et les installations terminales nécessaires.

La flotte Celestia, clé technologique du projet

Les services seront opérés avec la nouvelle flotte Celestia d'Eurostar, commandée auprès d'Alstom en octobre 2025. Ces trains double-deck à grande vitesse, dérivés de la plateforme Avelia Horizon, seront les premiers de ce type à circuler dans le tunnel sous la Manche et sur le réseau britannique.

Chaque rame Celestia mesurera 200 mètres et offrira environ 540 places assises, soit une hausse de capacité de 20 % par rapport à la flotte actuelle. Les trains pourront circuler en unité multiple (400 m) pour atteindre 1 080 places dans le tunnel. La flotte Celestia promet des économies d'énergie de 20 à 50 % comparée aux trains existants.

La livraison du premier train est prévue en janvier 2031, avec une mise en service commerciale en mai 2031. Six rames seront opérationnelles dès le lancement. La maintenance sera assurée au dépôt Temple Mills de Londres, qui bénéficiera d'un investissement de 80 millions d'euros pour accueillir cette nouvelle génération de matériel.

Les Celestia sont conçus avec 97 % de composants recyclables et 25 % de matériaux recyclés, renforçant l'engagement environnemental d'Eurostar.

Conditions de lancement : défis techniques, opérationnels et légaux

Le projet reste conditionné au respect de trois piliers : les conditions techniques, opérationnelles et légales. Eurostar et DB devront notamment résoudre les questions de contrôles de sécurité et de frontière pour les passagers voyageant entre le Royaume-Uni et l'espace Schengen via le tunnel sous la Manche.

Les deux opérateurs exploreront les installations terminales adaptées et les créneaux horaires permettant ces contrôles. L'exploitation d'un service direct entre le Royaume-Uni et l'Allemagne est considérée comme très complexe pour un seul opérateur ferroviaire, d'où la nécessité d'un partenariat solide.

Ces défis incluent l'interopérabilité des systèmes de signalisation, la compatibilité des standards de sécurité nationaux, et la mise en place de zones de contrôle juxtaposées dans les gares allemandes, similaires à celles existant déjà à Paris, Bruxelles et Amsterdam.

Task force UK-Allemagne : les avancées politiques depuis juillet 2025

Le partenariat Eurostar-DB s'inscrit dans un cadre politique solide. Le 17 juillet 2025, le Royaume-Uni et l'Allemagne ont signé le traité de Kensington sur l'amitié et la coopération bilatérale, qui engage les deux pays à « faciliter les services ferroviaires longue distance directs entre leurs territoires ».

À la suite de ce traité, les ministères des transports britannique et allemand ont établi une task force conjointe pour traiter les obstacles politiques aux services directs. Cette task force s'est réunie pour la première fois le 25 novembre 2025 à Berlin, concentrant ses travaux sur les formalités d'entrée, les infrastructures nécessaires et les accords intergouvernementaux.

Patrick Schnieder, ministre fédéral allemand des Transports, salue l'initiative : « Nous travaillons déjà à plein régime au sein de la task force créée spécifiquement pour ce projet sur les conditions préalables juridiques, infrastructurelles et politiques. Je suis certain que ce projet sera d'un grand bénéfice pour tous les voyageurs ferroviaires à travers l'Europe. »

Contexte & enjeux : vers une Europe ferroviaire mieux connectée

Ce projet s'inscrit dans un mouvement plus large de renforcement des liaisons ferroviaires internationales en Europe. Eurostar a également annoncé en juin 2025 son intention d'explorer des services directs vers Genève en Suisse, marquant une ambition de devenir le pilier d'un « âge d'or du voyage international durable ».

Le Royaume-Uni et l'Allemagne partagent des objectifs de décarbonation des transports. Le rail émet jusqu'à 80 % de CO2 en moins que l'avion sur les trajets courts et moyens [à vérifier]. Les services directs Londres-Allemagne pourraient détourner des dizaines de milliers de passagers de l'avion chaque année.

Heidi Alexander, ministre britannique des Transports, déclare : « Ce partenariat a le potentiel de transformer les voyages ferroviaires transfrontaliers en Europe pour les générations à venir. Nous accélérons nos plans pour changer fondamentalement la façon dont des millions de personnes voyagent entre nos deux pays. Une liaison ferroviaire directe soutiendra la création d'emplois, renforcera les liens commerciaux vitaux et construira une connexion durable. »

Pour les voyageurs d'affaires, ces liaisons directes représentent un gain de temps et de confort majeur. Fini les correspondances à Bruxelles avec contrôles multiples. Le trajet Londres-Francfort en train direct devient compétitif face à l'avion en temps porte-à-porte.

Pour les touristes, l'offre ouvre de nouvelles possibilités d'escapades urbaines durables. Cologne, avec sa cathédrale emblématique, et Francfort, hub financier et culturel, deviennent accessibles en direct depuis Londres.

Pour les entreprises britanniques et allemandes, les échanges commerciaux seront facilités. Le gouvernement britannique estime que le projet soutiendra la création d'emplois et renforcera les liens commerciaux entre les deux pays, donnant aux entreprises britanniques un meilleur accès aux marchés européens.

La visite d'État de trois jours du président allemand Frank-Walter Steinmeier au Royaume-Uni début décembre 2025 a renforcé les liens économiques entre les deux nations, avec un événement business réunissant dirigeants britanniques et allemands à Downing Street.