Métro Nice-Monaco-Vintimille : Projet à 4 Milliards d'Euros
Le métro Nice-Monaco-Vintimille de 4 milliards d'euros promet 23 minutes de trajet. Découvrez le projet, les soutiens, les oppositions et l'alternative TER.

La Fédération des entreprises monégasques (FEDEM) relance le débat sur un métro transfrontalier de 30 kilomètres reliant l'aéroport de Nice à Vintimille via Monaco, pour un coût estimé à 4 milliards d'euros. Promettant un trajet de 23 minutes entre Nice et la Principauté, le projet suscite l'enthousiasme du patronat et de certains élus, mais se heurte à la prudence du gouvernement monégasque et à l'opposition d'Éric Ciotti, qui privilégie une alternative fiscale dans la Plaine du Var.
Mis à jour le 1er octobre 2025
Une Crise de Mobilité Insoutenable
Chaque jour, environ 50 000 personnes entrent et sortent de Monaco, confrontées à une congestion routière et ferroviaire que Philippe Ortelli, président de la FEDEM, qualifie d'« absurdité économique, écologique et humaine ». Les temps de trajet peuvent atteindre une heure et demie, au point que 77 % des entreprises monégasques font face à des refus de candidature liés aux difficultés de transport. Pour le patronat franco-monégasque, l'urgence est claire : lancer une étude de faisabilité d'envergure sur un métro transfrontalier moderne, électrique et automatisé.
Le Projet en Détail : Performances et Tracé
Un Métro Automatique de Nouvelle Génération
Le projet porté par la FEDEM repose sur une infrastructure souterraine d'environ 30 kilomètres, conçue pour minimiser les nuisances et éviter les expropriations foncières grâce à des tunnels creusés à plus de 50 mètres de profondeur. Le métro circulerait sans conducteur, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, à une vitesse de 60 km/h, avec une fréquence de 5 minutes en heures de pointe. L'amortissement financier est prévu sur un siècle.
Tracé proposé (12 arrêts) :
- Aéroport de Nice
- Allianz Riviera
- Nice Nord
- Pasteur
- Fontvieille (Monaco)
- Sainte-Dévote (Monaco)
- Monte-Carlo (Monaco)
- Saint-Roman (Monaco)
- Carnolès
- Vintimille (Italie)
Des Temps de Trajet Drastiquement Réduits
Le métro permettrait de relier l'aéroport de Nice à Monaco en seulement 23 minutes, contre 1 h 30 actuellement en voiture aux heures de pointe. L'accès depuis Nice-Est ne prendrait que 11 minutes. Le tarif envisagé tourne autour de 10 euros, soit moins que les coûts cumulés de carburant, péage et stationnement. L'extension jusqu'à Vintimille vise à mobiliser le réservoir de main-d'œuvre italienne sous-exploité et à offrir des opportunités foncières transfrontalières.
Une Fracture Politique Entre Promoteurs et Sceptiques
Le Front des Soutiens
Le projet bénéficie d'un large soutien patronal : la FEDEM et l'Union des entreprises des Alpes-Maritimes (UPE06) le jugent essentiel pour l'attractivité économique régionale. Philippe Ortelli a rallié des figures politiques comme Thomas Brezzo, président du Conseil national monégasque, et Christian Estrosi, président de la Métropole Nice Côte d'Azur. Alexandra Masson, députée RN de la circonscription de Menton, y voit une « solution pérenne » et un « exemple de coopération internationale » pour les 60 000 travailleurs français et italiens qui transitent quotidiennement.
La Prudence du Gouvernement Monégasque
Christophe Mirmand, ministre d'État de Monaco, adopte une posture mesurée. Il souligne que 4 milliards d'euros représentent une « somme très significative » pour la Principauté et rappelle qu'à sa connaissance, aucune étude technico-économique approfondie n'a été engagée. Selon lui, le modèle économique doit être « soutenable » avant tout engagement financier.
L'Opposition d'Éric Ciotti et son Alternative
Éric Ciotti, candidat UDR-RN pour Nice, juge le métro « très coûteux » et irréalisable « de nombreuses années ». Il propose une stratégie alternative : créer une zone franche dans la Plaine du Var pour attirer l'emploi monégasque en y appliquant le droit social et fiscal de Monaco, réduisant ainsi les flux pendulaires sans infrastructure lourde.
Le Réel Ferroviaire : Modernisation TER en Cours
Collaboration Région-Principauté
La Région Sud et Monaco travaillent de concert pour améliorer le service TER Nice-Vintimille, notamment en ajustant les calendriers de travaux SNCF. Un nouveau plan négocié en septembre 2024 garantit la circulation des trains jusqu'à 22 heures (au lieu de 21 heures) et suspend les travaux lors d'événements majeurs comme les matchs de Ligue des champions.
Renforcement Prévu dès Décembre 2024
À compter du 15 décembre 2024, la ligne TER entre Nice et Vintimille verra sa fréquence portée à un train toutes les 15 minutes entre 6 heures et 22 heures. Le gouvernement monégasque finance l'achat de deux rames TER à grande capacité, livrables fin 2027, pour absorber la croissance du trafic. La SNCF s'engage par ailleurs à réduire son taux de suppression à 0,25 % en 2025, contre 5,2 % en août 2024.
Moyen | Temps Nice-Monaco | Coût indicatif | Fréquence | Fiabilité |
---|---|---|---|---|
Voiture | 1 h 30 (pointe) | 15–20 €/jour (carburant + péage + parking) | Continue | Variable (embouteillages) |
TER actuel | 25–35 min | 5–8 € | 15 min (dès déc. 2024) | 94,8 % (août 2024) |
Métro projet | 23 min | ~10 € | 5 min (pointe) | [à vérifier] |
Ce Qui Change Pour les Usagers et les Acteurs Économiques
Pour les 50 000 pendulaires quotidiens, le métro représenterait un gain de temps substantiel (jusqu'à 1 heure par trajet) et une prévisibilité accrue. Les entreprises monégasques espèrent élargir leur vivier de recrutement jusqu'à Vintimille et Nice-Ouest, tout en réduisant l'absentéisme lié aux aléas de transport. Côté environnemental, le report modal voiture-métro pourrait diminuer les émissions de CO₂ et la pollution atmosphérique sur l'A8 et la basse corniche.
Le projet de métro Nice-Monaco-Vintimille ressurgit régulièrement depuis 2022, porté par Christian Estrosi puis par Philippe Ortelli. Il illustre la tension entre ambition économique et réalisme budgétaire dans un territoire exigu mais prospère. Monaco, deuxième État le plus dense au monde après Singapour, souffre d'une dépendance quasi totale à la main-d'œuvre frontalière. L'extension italienne vise à diversifier le bassin d'emploi et à anticiper la saturation du marché du travail franco-monégasque.
Sur le plan européen, un tel projet tri-national (France, Monaco, Italie) pourrait prétendre à des subventions du mécanisme « Connecting Europe Facility » (CEF), à condition de franchir l'étape cruciale de l'étude de faisabilité technico-économique. Philippe Ortelli cite en exemple le métro de Lausanne et les 52 kilomètres de tunnels alpins suisses pour démontrer qu'un chantier de cette envergure est techniquement réalisable.