Koweït : Le groupe turc Proyapı Mühendislik décroche un contrat de 8,1 millions $ pour la conception du corridor ferroviaire du CCG
Un contrat majeur de conception ferroviaire a été attribué à Proyapı Mühendislik pour développer les 111 km de ligne électrifiée au Koweït, section stratégique du corridor du CCG reliant Koweït City à la frontière saoudienne.

Une avancée majeure pour le réseau ferroviaire du Golfe
Le groupe d'ingénierie turc Proyapı Mühendislik ve Müşavirlik vient de remporter un contrat décisif pour la conception du tronçon koweïtien du corridor ferroviaire planifié par le Conseil de Coopération du Golfe (CCG). Cette attribution marque une étape significative dans le développement des infrastructures de transport régionales et relance un projet ambitieux dont la réalisation a connu plusieurs reports au fil des années.
Le contrat, d'une valeur de 8,1 millions de dollars américains, a été officiellement attribué le 7 avril et engage l'entreprise turque à livrer les études de conception complètes dans un délai d'un an. Cette décision des autorités koweïtiennes témoigne d'une volonté renouvelée d'accélérer la mise en œuvre de ce projet structurant pour la mobilité dans la péninsule arabique.
Caractéristiques techniques du projet ferroviaire koweïtien
Le contrat concerne la conception d'une ligne électrifiée de 111 kilomètres reliant la zone d'Al-Shadadiya, située dans l'agglomération de Koweït City, à Nuwaiseeb, ville frontalière avec l'Arabie Saoudite au sud du pays. Cette liaison constituera l'épine dorsale du réseau ferroviaire national koweïtien et servira de porte d'entrée septentrionale au futur réseau intégré du CCG.
Plusieurs aspects techniques doivent encore être précisés durant la phase de conception, notamment :
- Le nombre exact de stations qui jalonneront le parcours
- Les spécifications détaillées des infrastructures ferroviaires
- L'intégration avec les systèmes de transport existants et planifiés
- Les normes d'interopérabilité avec les sections développées par les pays voisins
Les responsables koweïtiens ont indiqué que le coût estimé de la construction sera déterminé une fois les études de conception achevées. Cette approche prudente permet d'anticiper avec plus de précision les investissements nécessaires et de sécuriser les financements appropriés pour la phase d'exécution.
Le corridor ferroviaire du CCG : un projet régional ambitieux mais complexe
Le tronçon koweïtien représente la section la plus septentrionale d'un mégaprojet ferroviaire longuement planifié par le Conseil de Coopération du Golfe. Ce corridor vise à relier le Koweït à l'Oman en traversant les autres États membres du CCG, créant ainsi une épine dorsale ferroviaire inédite dans la région.
Une chronologie marquée par des retards
Initialement approuvé en décembre 2009, le projet du corridor ferroviaire du CCG prévoyait une mise en service complète pour 2018. Cependant, divers facteurs, incluant des défis techniques, des questions de financement et des priorités nationales divergentes, ont entraîné plusieurs reports. L'horizon de réalisation est désormais fixé à 2030, soit plus d'une décennie après l'échéance initialement envisagée.
Cette nouvelle attribution au Koweït pourrait toutefois indiquer une dynamique renouvelée pour l'ensemble du projet, particulièrement dans un contexte régional où les considérations de diversification économique et de durabilité gagnent en importance.
Une approche décentralisée aux défis multiples
L'une des particularités du projet du corridor ferroviaire du CCG réside dans son mode de développement : chaque État membre assume la responsabilité de concevoir, financer et construire le tronçon traversant son territoire. Cette approche décentralisée offre une certaine flexibilité mais soulève également des questions quant à l'harmonisation des calendriers et à l'engagement variable des différents participants.
Des observateurs du secteur ont ainsi exprimé des interrogations concernant le niveau d'implication de certains membres du CCG, dont les priorités en matière d'infrastructure peuvent différer. L'avancement inégal des différents tronçons nationaux constitue un défi majeur pour la réalisation d'un réseau véritablement intégré dans les délais annoncés.
Synergie avec les initiatives ferroviaires existantes dans la région
Le projet koweïtien s'inscrit dans un écosystème ferroviaire régional en pleine évolution, où d'autres initiatives significatives sont déjà en cours de développement :
Le réseau Etihad Rail aux Émirats Arabes Unis
Les Émirats Arabes Unis disposent déjà d'un réseau ferroviaire opérationnel développé par Etihad Rail. Cette infrastructure existante représente un atout majeur pour l'interconnexion future du corridor du CCG et démontre la faisabilité technique et économique du transport ferroviaire dans la région.
La coentreprise Hafeet Rail entre les Émirats et Oman
Un partenariat stratégique entre Etihad Rail et Oman Rail a donné naissance à la coentreprise Hafeet Rail, chargée de développer l'interconnexion ferroviaire entre les deux pays. Cette collaboration bilatérale constitue un modèle potentiel pour accélérer d'autres sections du corridor du CCG à travers des initiatives conjointes.
Les développements en Arabie Saoudite
Saudi Arabia Railways (SAR) poursuit également l'expansion de son réseau national, avec des projets d'interconnexion aux frontières qui joueront un rôle crucial dans la concrétisation du corridor régional. Le tronçon koweïtien devra notamment s'harmoniser avec les infrastructures saoudiennes au niveau de la frontière commune à Nuwaiseeb.
Implications économiques et stratégiques pour le Koweït et la région
Au-delà de ses aspects techniques, ce projet revêt une importance considérable tant pour le Koweït que pour l'ensemble des pays du Golfe :
Diversification économique et connectivité régionale
Pour le Koweït, le développement d'une infrastructure ferroviaire moderne s'inscrit dans une stratégie plus large de diversification économique et de réduction de la dépendance aux hydrocarbures. Cette nouvelle connectivité facilitera les échanges commerciaux intra-régionaux et positionnera potentiellement le pays comme un hub logistique stratégique entre le Golfe et le reste du Moyen-Orient.
Renforcement de l'intégration économique du CCG
À l'échelle régionale, le corridor ferroviaire représente un puissant vecteur d'intégration économique pour les pays membres du CCG. En facilitant la circulation des personnes et des marchandises, il devrait stimuler les échanges commerciaux, encourager le tourisme intra-régional et renforcer la compétitivité logistique de l'ensemble de la péninsule arabique.
Alternatives durables au transport routier
Dans une région confrontée à des défis environnementaux croissants, le développement du transport ferroviaire offre une alternative plus durable au fret routier prédominant. L'électrification prévue de la ligne koweïtienne s'inscrit dans cette logique de réduction de l'empreinte carbone des activités de transport.
Prochaines étapes et perspectives
Avec un délai d'un an pour finaliser les études de conception, Proyapı Mühendislik devra livrer ses conclusions d'ici avril 2026. Ces travaux permettront de déterminer avec précision le budget nécessaire à la construction et d'élaborer un calendrier détaillé pour la phase d'exécution.
Les autorités koweïtiennes devront ensuite lancer un appel d'offres pour la construction proprement dite, une étape qui pourrait intervenir dès 2026 si le processus de conception se déroule conformément aux prévisions. Dans ce scénario optimiste, les travaux pourraient débuter en 2027, positionnant le Koweït parmi les pays les plus avancés dans la réalisation de leur section du corridor du CCG.
Conclusion
L'attribution du contrat de conception ferroviaire à Proyapı Mühendislik marque une étape concrète dans la réalisation du tronçon koweïtien du corridor ferroviaire du CCG. Ce développement redonne une impulsion à un projet régional ambitieux dont la concrétisation a été plusieurs fois repoussée.
Alors que le Moyen-Orient continue de repenser ses infrastructures de transport pour répondre aux défis économiques et environnementaux du XXIe siècle, cette initiative ferroviaire pourrait transformer profondément la mobilité dans la péninsule arabique. La capacité des différents acteurs nationaux à coordonner leurs efforts et à respecter un calendrier commun déterminera toutefois le succès ultime de ce corridor ferroviaire transnational.